Société, tu sers à rien !

Y’a des jours, sans raison, je me dis que j’en ai marre. Marre de la société, marre des règles et marre des idées qu’on essaie de nous fourrer dans la tête depuis le début de nos existences.
C’est tout, je suis comme ça, je n’arrive pas à m’enfoncer dans le crâne cette notion d’utilité que nous assènent professeurs et monde du travail. Mais les professeurs se doivent de nous préparer au monde du travail, ou du moins, beaucoup prennent sur eux de le faire.

Donc voilà ce que je continue à penser malgré tous mes efforts :

Je n’aime pas les règles. Elles sont débiles et arbitraires. Les règles ne nous disent jamais comment nous comporter ; elles ne font que justifier une punition.
Une règle est là pour légitimer la répression de certains types de comportements.
Est-il triste d’empêcher les gens de faire ce qu’ils veulent ? Pas vraiment. Je suis bien content que n’importe qui ne puisse pas venir pour me taper dessus quand ça lui chante. Déjà que ça empêche pas tout le monde de subir des sévices…
Je trouve triste le fait qu’on perde de vue que le côté utilitaire d’une règle. Mais ce qui m’énerve par dessus tout, c’est le fait de se fier aux règles comme à une vérité. Une règle est faite pour être respectée, pas parce qu’elle est « juste ». Avoir un code de conduite et une morale et s’y conformer, c’est bien. Ça prouve que vous savez ce que vous voulez et au final, ça vous rend heureux. Obéir aveuglément aux codes de la société, c’est dommage. Ça empêche de développer l’esprit critique et l’indépendance de nos opinions. Si on n’a jamais essayé aucun des deux, ça ne nous manque pas. Par contre, une fois qu’on y a gouté, on craint de se les voir retirer.

Ce qui me saoule, c’est la certitude qu’on nous force à avoir que vivre, c’est s’inscrire dans la société et son développement. C’est chaque fois qu’une personne dit que quelque chose ne sert à rien, parce qu’elle ne l’utilise pas dans la vie de tous les jours. C’est chaque fois que j’entends dire qu’on n’est utile que si on joue un rôle dans le progrès de l’humanité. Ces personnes sont tellement inscrites dans ce mode de fonctionnement qu’elles ne voient pas qu’il y a beaucoup plus grand.
En fait, la société elle-même n’a aucun sens, et surtout aucune utilité. Ne pas contribuer à enrichir un pays ou faire fonctionner une machine ne fait pas pour autant de nous des êtres inutiles et malgré ce qu’on nous rabâche depuis notre plus tendre et juteuse enfance, la vie vaut autant la peine d’être vécue, sinon plus, en dehors des règles et de cette contribution. Simplement parce qu’on passe notre vie à développer une technologie, une science, des connaissances, des machines, mais tout ça n’est que divertissement, aurait-dit Pascal (pas mon pote le joueur de trompette, hein !).
La plupart n’est que matériel et on ne vit pas de matériel. Heureusement. Parce que tout ce qu’on développe finira aussi bien que le reste. Les machines comme les idées.

Faire quelque chose pour la société n’est pas plus utile qu’autre chose. Ce n’est en réalité pas utile du tout. Comme tout le reste. Et je trouve cette inutilité belle. C’est pour ça que je suis triste quand les gens ne la voient pas.
Notre inutilité totale, c’est être libre. C’est ne pas se demander si on passe à coté de sa destinée ni si on trouvera un jour le but de notre vie. Savoir que notre vie n’a pas de but, c’est se sentir complet. C’est savoir que les buts qu’on se fixe seront les nôtres, nos choix, notre plaisir à accomplir. Et de cette manière, il est possible de vivre pour son plaisir et de profiter pleinement de l’existence. Je tiens à préciser que je ne dis pas qu’il ne faut rien faire pour la société. Si ça vous éclate de construire des voitures, des maisons, ou même si ça vous fait triper de trouver des remèdes contre les terribles maladies qui courent le monde, très bien ! C’est ce qu’il vous faut pour être heureux et c’est génial que vous puissiez le faire.

De plus, de nos jours, il est infiniment plus facile de profiter de la vie quand on s’inscrit dans la société. Mais du coup, si vous êtes trader ou Rom, et qu’on vous traite de parasite, ne vous en offusquez pas. Votre vie et vos actes ont autant de valeur que ceux de n’importe qui. Et puis si vous prenez votre pied à jouer de la musique ou calculer des évolutions de variables aléatoires (ou à faire un tas de fric) continuez aussi ! Et surtout, soyez heureux.

Pour ma part, je retourne à mon boulot peinard qui me servira à profiter de tout ce que la vie m’apporte en dehors de celui-ci, et ce faisant, à me rapprocher de mes rêves.

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12 commentaires pour Société, tu sers à rien !

  1. raph85 dit :

    Cool, je vais donner mon avis pour la première fois 🙂

    En ce qui concerne l’utilité à la société, un expert te dirait sûrement que ça remonte à l’époque où l’homme (comme d’autres animaux) a découvert que « l’union fait la force ». Je n’y connais absolument rien en sociologie, mais ça fait probablement parti de notre instinct. Comme tu dis, l’échange principal entre un individu et la société de nos jours est… le travail, qui permet à l’individu de survivre (donc c’est un minimum utile quand même :p). Par contre, les profs et le monde du travail ne te disent pas d’y consacrer tout ton temps, mais juste ce qu’il faut pour subvenir à tes besoins.

    En ce qui concerne les règles, elles sont selon moi nécessaires. Une règle est exprimée en général de manière simple, compréhensible par tout le monde. Derrière cette règle, il y a toujours une motivation plus compliquée à expliquer, et donc qui ne sera pas compris par tout le monde. Par example, du haut de toutes tes années, tu peux techniquement essayer de philosopher avec un enfant de 5 ans pour lui expliquer les raisons pour lesquelles c’est mal de voler, il faut aller à l’école, travailler et bla bla bla… ou alors tu peux simplement fixer des règles en lui disant « tu comprendras plus tard ». Alors c’est sûr que c’est frustrant d’avoir en face de soi quelqu’un (adulte) qui applique une règle stricto sensu (première fois de ma vie que j’utilise cette expression \o/) alors que dans le fond, c’est pas justifié. Enfin plus précisément, c’est frustrant quand la personne ne veut pas chercher/voir la logique derrière (je l’excuse si elle ne peut intellectuellement pas). Mais je vois vraiment pas comment on pourrait faire sans les règles, donc je vais éviter d’avoir un avis négatif dessus :p

    • Bien vu !
      Je suis d’accord sur le fait qu’on ne peut pas expliquer les raisons d’une règle à tout le monde. Je prône le fait, pour un individu qui en a les capacités, de ne pas considérer que la loi est le bien mais que certaines règles peuvent être remises en question.
      De nos jours, l’homme peut difficilement vivre hors de la société. Ce que je voulais dire, c’est que c’est la notion d’utilité même qui est biaisée, car la société humaine est tout aussi obsolète que tout le reste. L’homme en a besoin, mais pas l’univers.

      Et je rejoins ton avis sur le fait qu’on a besoin des règles pour vivre ensembles.
      Mais pour ma part, je vais garder un oeil sur ces règles tout en essayant de suivre les miennes plutôt 😉

  2. Quelqu'un dit :

    (A lire sur un ton neutre, sans intonation de voix, svp)

    Mais cher ami, quittez la cette société si elle ne vous convient pas, qu’est-ce-qu’il vous manque ? Du courage ? En tout cas, elle vous a bien arrangé jusque là, cette société… On ne critique pas quelque chose dont on se sert, c’est une règle, je vous la présente, elle a pour nom « respect », gardez la pour amie, elle souffre beaucoup de nos jours et en a de moins en moins. Si vous l’adoptez, vous lui promettrez fidélité, et, confiance acquise, peut-être vous présentera-t-elle d’autres de ses amis règles. Ainsi, main dans la main, vous marcherez, et apprivoiserez d’autres amis. Il vous faudra du temps et de la patience, mais règle travail vous viendra en aide.

    Alors je vous quitte, Pseudo Vous-Même, j’espère que vous aimerez ma communauté, elle aussi a un nom, elle s’appelle « société ». Dans cette communauté, chacun est règle, chacun est ami, preuve que les règles peuvent être nos amies. Et si hélas le destin nous sépare, sachez trouver votre communauté, vivez heureux, mais ne nous critiquez pas. Peut-etre même, repenserez-vous à nous, le sourire aux lèvres, en vous disant qu’au fond cette société, elle n’est pas si mal…

    Règle masquée

    • Merci pour ce conseil (et on peut se tutoyer, si ca ne pose pas de problème).
      En fait, je crois qu’il y a méprise, car à aucun moment je n’ai critiqué la société. D’ailleurs je l’aime bien et n’ai pas envie de la quitter. Je refuse juste de lui accorder son caractère absolu.
      On ne peut pas nier (d’osier) que la société ne représente qu’une infime partie de l’univers et dont l’existence est limitée dans le temps, comme tout ce qui existe.

      Sinon, je tiens à préciser quelque chose : je ne me sers pas des choses que je respecte.
      Mais merci beaucoup pour l’invitation. Je ne vous rejoindrai peut-être pas, parce que je ne conçois pas qu’une règle puisse être mon amie. La même règle qui me protège se retournerait contre moi si j’avais le malheur d’agir autrement. Je n’appelle pas ca de l’amitié.

      EDIT : Au passage, le respect n’est pas une règle, mais un sentiment. Mais je pense que tu voulais parler de politesse…

    • raph85 dit :

      Je ne suis pas d’accord. On devrait parfaitement avoir le droit de critiquer (en bien ou en mal) les choses dont on se sert, ainsi que les choses qu’on fait. C’est tout simplement ça qui amène à la prise de conscience, à la réflexion et enfin au changement. Sans ça, pas d’amélioration.
      Après, Pseudo Lui-Même a (comme beaucoup de gens) un peu tendance à mettre de côté le bon côté des choses. J’avoue que le titre et l’introduction de l’article sont assez agressifs et provocateurs, mais ça a le mérite de lancer des réflexions. Mais franchement, les réactions fatalistes du genre « c’est comme ça faut faire avec, suis le mouvement sans réfléchir, si t’es pas content t’as qu’à t’en aller » n’apportent pas grand chose. En tout cas, nous ne nous en contentons pas.

  3. Kerido dit :

    Ô Pseudo Toi-Même ! J’aurais envie de crier « Pseudo Lui-Même président ! »
    Mais je me ravise, cela s’inscrirait trop dans une démarche sociétale, et tu vaux mieux que ça. Non pas que je te place d’emblée sur un piédestal, te comparant à un guide spirituel… Non. Simplement, je m’émerveille devant tant d’ouverture d’esprit, et d’esprit critique (qui ne sont nullement incompatibles). Le fait que je sois du même avis facilite sans doute la déclaration qui va suivre, mais toujours est-il que, Pseudo Toi-Même, je t’aime et te respecte.

    Raph: Ton exemple d’un enfant à qui on n’expliquerait pas le pourquoi d’une règle me semble mal choisi. En fait, il serait sans doute plus pédagogique de leur expliquer, justement, au lieu de leur imposer une règle sans justification. Du moins, c’est ce que disent les chercheurs en éducation.


    • Inutile de dire que les commentaires du genre sont appréciés et vivement encouragés.

      Pour ce qui est des règles expliquées aux enfants, je suis aussi de l'avis qu'il vaut toujours mieux expliquer qu'imposer. Mais est-il possible à tout âge de concevoir l’éventuel bienfondé de celles-ci ? Et d'ailleurs, tout le monde a-t-il naturellement l'empathie nécessaire à cette compréhension ?
      Si un pédiatre ou un psychologue du développement pouvait venir faire un tour dans ces commentaires pour nous orienter… En attendant, je vous croirai sur parole 😉

    • raph85 dit :

      Et bien non, je ne crois toujours pas qu’un enfant de 5 ans puisse vraiment comprendre les choses de la vie. Les règles sont toujours simples, mais leurs justifications peuvent être le résultat de longues réflexions et/ou d’une longue expérience. Après, tu trouveras toujours des contre-examples qui seront très matures à cette âge, mais d’une manière générale je n’y crois pas.
      Tu peux essayer d’avoir une de nos fameuses discussions avec des enfants (voir même certains adultes) pour voir. Tu pourras probablement lui faire sortir des choses qu’il aura entendu de la bouche d’adultes, mais bon c’est pas parce qu’on apprend un poême par coeur qu’on fait attention au sens.
      Après, je ne dis pas que tout ne peut pas être compris par un enfant. J’imagine que faire comprendre des choses à un enfant peut l’aider grandement dans son éducation. D’où le point de vue des fameux chercheurs :p

      • D’un coté, j’espère pour l’humanité que si un adulte fonctionne avec des raisonnements à l’emporte-pièces c’est parce qu’il a été formaté, alors qu’un enfant réfléchit par lui même.
        D’ailleurs, les enfants demandent constamment « pourquoi » ; ils ont soif de connaitre les raisons profondes des choses et n’hésitent pas à dire si une explication ne leur convient pas. Et je pense que c’est un comportement global pour tous les enfants et que ceux qui ne le font pas sont ceux auxquels on a appris à ne plus poser de questions.
        Bien sûr, un enfant n’a pas forcément les connaissances pour disserter sur beaucoup de sujets, mais je pense qu’il peut remettre en question beaucoup des choses que nous considérons comme allant de soi.

      • raph85 dit :

        Exact, la soif d’apprendre fait parti des réactions que quasi tous les enfants ont. Tu noteras que j’ai bien fait la différence entre les choses que j’estime comprehensible par un enfant, et les choses qui nécessitent de l’expérience/maturité. Je suis entièrement d’accord sur la dernière partie!

        C’est marrant, en te lisant, j’ai un peu l’impression que tu vois un modèle pessimiste: enfant avec soif de connaître -> adulte qui a arrêté de se poser des questions. Je vois plus un modèle optimiste: enfant qui n’est pas capable de tout comprendre -> adulte qui a l’expérience nécessaire pour comprendre.

      • Pourtant, je me considère comme optimiste sur ce point là 😀
        Sous cette forme là :
        Selon la situation actuelle, les adultes ne se posent pas de questions. Or les enfants sont tous curieux. Donc, tout humain a en lui ce qui est nécessaire à son enrichissement.
        C’est donc un constat positif, dans le sens ou je pense que chacun peut devenir indépendant d’esprit.

        Mais je comprends ta vision des choses. Seulement, je crois que parfois, l’expérience ne nous sert pas seulement à comprendre, mais nous donne aussi la notion de ce qui est normal ou non. Et ceci n’est pas une question de raisonnement mais d’habitude. « Ils n’ont pas de pain, qu’ils mangent donc de la brioche ! »
        C’est dans cela que j’ai le sentiment que l’enfant est supérieur à l’adulte. Parce que pour un adulte, il est facile de confondre ce en quoi on croit parce qu’on le comprend et ce qu’on estime être l’évidence même.

        Mais bien sûr, ton constat est aussi valable. Chaque notion nécessite une certaine maturité pour être assimilée ou bien la maîtrise d’autre notions et ceci vient souvent avec l’âge.

        EDIT : Je pourrais faire un article avec tout ce qu’on raconte dans les commentaires 🙂

  4. Kerido dit :

    ❤ !!

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